En Egypte, la défaite de Farouk Hosny à l'UNESCO n'est pas qu'une mauvaise nouvelle

Alaa El Aswany (gauche) et Farouk Hosny. Photos: Ygal Saadoun

 

 

Le comité de sélection qui a écarté Farouk Hosny de la course à la direction  l'Unesco le 23 septembre ne s'attendait sûrement pas aux réactions qu'il a suscitées en Egypte. Le principal intéressé s'est fendu de déclarations au vitriol, accusant  les pays occidentaux de racisme et fustigeant la soumission de l'organisation culturelle onusienne aux pressions des organisations juives et sionistes de par le monde. Des accusations relayées par la presse officielle qui rompent la tradition selon laquelle le défait d'une élection internationale félicite son concurrent. Mais le comité ne s'attendait vraisemblablement pas non plus à provoquer la satisfaction et l'admiration de nombreux intellectuels égyptiens.

 

Alaa El Aswany est l'un d'entre eux. Dans une tribune publiée par le quotidien indépendant Al Shorouk et reprise par le quotidien français Le Monde, il se demande qui est le véritable perdant de cette affaire. Pour l'auteur du désormais célèbrissime Immeuble Yaacoubian, il n'y pas a eu de complot juif contre Farouk Hosny."La candidate bulgare, Irina Bokova, a obtenu le poste de directrice de l'Unesco pour la simple raison qu'elle était mieux qualifiée.(...)Mais surtout, elle a des opinions arrêtées sur tout, dont elle ne dévie pas et sur lesquelles elle ne se rétracte pas. Elle est une championne de la démocratie et de la liberté, et non la ministre d'un régime despotique qui truque les élections et réprime ses opposants."

 

Cette élection était perdue d'avance dit Aswany avant de répondre sèchement à  la question qu'il pose dans sa diatribe. "Au final, ce sont Farouk Hosni et le régime égyptien qui ont perdu cette élection, tandis que le peuple égyptien n'a rien perdu puisqu'il n'a jamais choisi Farouk Hosni ni élu le président Moubarak, qui l'a soutenu après l'avoir désigné comme candidat. Farouk Hosni était le candidat du régime, pas le candidat de l'Egypte, et il existe des centaines de personnes qualifiées qui auraient pu mieux que lui prétendre à diriger l'Unesco, mais le président Moubarak ne les a pas désignées car il voulait donner ce poste à Farouk Hosni et à nul autre, et parce que la volonté du président passe avant toute autre considération."