Quand les écoles britanniques célèbrent les grandes figures homos de l’Histoire

Pour combattre l’homophobie et soutenir les jeunes homos, une association a créé il y a 6 ans le Mois de l’Histoire LGBT. Les écoles participantes «célèbrent» les personnages historiques homosexuels. Un programme innovant qui semble porter ses fruits.


Il y a quelques semaines, une école du nord de Londres, Stoke Newington, déclarait avoir «quasiment éliminé les actes homophobes» dans ses murs grâce au Mois de l'Histoire LGBT (LGBT History Month). Un beau témoignage de succès pour ce programme lancé en 2004 par l'association School's Out, et qui invite toutes les écoles de l'Angleterre et du Pays de Galles a «célébrer» les personnages historiques homosexuels pendant tout le mois de février. Pour Elly Barnes, professeure et fervente défenseure de cette opération, «il n’y a que l’ignorance qui cause l’homophobie. Il suffit d’un peu de pédagogie, et les attitudes changent».

 

Combattre l'invisibilité


C'est «par petites touches» que les organisateurs du Mois veulent avancer, comme l'explique Tony Fenwick, vice-président de School's Out. «Ce mois n'est pas obligatoire, et il n'y pas de mode d'emploi spécifique», explique-t-il. Certaines écoles organisent des séminaires durant une journée, d'autres demandent à chaque professeur d'intégrer la référence à une personne historique gay dans leur matière: Tchaïkovski en musique, Alan Turing en sciences par exemple. «Ne mettre qu'un petit Rainbow flag peut suffire. En le voyant, un enfant se dira qu'il n'a pas avoir honte de ce qu'il est, il n'est pas invisible.»

 

L'invisibilité, c'est elle que School's Out veut combattre auprès des enfants de tout âge, de la maternelle jusqu'à l'université. Selon Tony Fenwick, puisqu'on souligne les persécutions subis par les noirs à cause de leur couleur de peau, pourquoi ne pas en faire autant pour les homos pourchassés pour leur orientation sexuelle. C'est d'ailleurs, selon lui, d'autant plus utile pour les jeunes gays car «un enfant noir grandit dans une famille qui est elle-même noire, il sait qu'il n'est pas seul. Un jeune homo a de grande chance d'évoluer dans un milieu ou il n'y pas d'homos.»

 

Eduquer et célébrer

 

 Ces cours sont donc destinés à proposer «des héros, des modèles». Le slogan du Mois, «réclamer notre histoire, célébrer notre présent et créer notre futur» en dit long, et s'attaque tout particulièrement à la Section 28. Cette loi, entrée en vigueur en 1988 sous le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher, interdisait toute forme de promotion de l'homosexualité dans les écoles. Elle a été abolie en 2003. «Nous pensions alors que les langues se délieraient, mais les professeurs restaient silencieux. C'est pourquoi nous avons créé ce mois pour éduquer et célébrer.»

 

Le terme célébrer peut surprendre, mais pour Tony Fenwick, il est important que les jeunes gays sachent que «certains homosexuels ont accompli de grandes choses».

 

Le LGBT Month n'a reçu que peu de critiques selon Tony Fenwick. Il y a bien eu quelques parents mécontents, et des articles au vitriol dans la presse conservatrice, mais la plupart des journaux anglais ont multiplié les articles sur la réussite de l'école Stoke Newington. Le gouvernement travailliste et aujourd'hui la coalition libérale-démocrate et conservateur, soutiennent l'initiative de School's Out, selon son vice-président.

 

Un concept anglo-saxon


Le concept fait même des émules. L'école d'Elly Barnes est devenue un lieu de formation pour les professeurs britanniques. Le programme existe déjà aux Etats-Unis et en Ecosse indépendamment de School's Out. L'Australie, l'Italie et la Norvège ont aussi pris contact avec l'association.

 

Et la France? Pour Patrick Gonthier, Secrétaire général de la fédération Unsa Education, cette manière de fonctionner est très anglo-saxonne car le «les gens se définissent par rapport à des communautés». Ce modèle précis ne serait donc pas exportable Outre-manche. En revanche, il appelle le ministère à publier une «consigne interdisant de dissimuler l'orientation sexuelle des grandes figures étudiées».

 

200 écoles concernées


Plusieurs campagnes dans les écoles françaises ont déjà été effectuées par le ministère de l'Education, et certaines formations sont ouvertes aux professeurs. Ils y apprennent comment aborder le sujet en classe ou comment réagir et lors d'attaques homophobes. «Je pense que les professeurs n'hésitent plus à en parler. La France est prête, nous avons passé la période de stigmatisation et celle de la gêne», explique Patrick Gonthier.

 

Pour l'instant seules 200 écoles anglaises et galloises appliquent le Mois de l'Histoire LGBT. Malgré tout, selon une étude de la Commission de l'égalité et des droits de l'Homme britannique parue début octobre, deux tiers d'étudiants LGBT ont souffert d'agressions homophobes, physiques ou verbales.

 

mbillon@france24.com

 

Photo: LGBT History Month, School’s Out

 

Publié par Marie Billon vendredi 12 novembre 2010,sur tetu.com

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