‘La Reine et moi’ : Et si le Royaume-Uni devenait une République ?

Dans son roman publié en 1992, ‘’La Reine et moi’’, Sue Townsend, imagine ce qui se passerait si les républicains prenaient le pouvoir. Un thème d’autant plus actuel que le mariage princier approche et que, à cette occasion, les antis-monarchie sortent de l’ombre.


                 

 

Le roman est un peu vieux – 1992 – mais son thème ne l’est pas : qu’adviendrait-il de la famille royale si un candidat républicain remportait la majorité à la chambre des Communes ? A l’heure où la plupart des Britanniques se réjouissent du mariage de leur futur roi, et où d’autres en profitent pour dénoncer le système monarchique, Sue Townsed, aurait encore pu écrire son ‘La reine et moi’.

 

Car le coût du mariage ajouté au jour de congé - 200 millions de livres de dépense ou de manque à gagner à lui seul - font grincer des dents ceux qui refusent d’oublier que les Britanniques doivent se serrer la ceinture à cause du plan de rigueur de la coalition. Ils estiment que le train de vie de la famille royale pourrait presque résoudre tous les problèmes. Il faut cependant préciser que les habitants de Buckingham ont eux aussi baissé leur niveau de vie… mais on ne peut pas décemment parler de cure d’austérité.

Hell Close, La route de l’enfer

 

En 1992, lorsque Sue Townsend écrit ‘’The Queen and I’’, la Monarchie n’a pas encore traversé la crise de 1997, celle qui l’a ébranlé après la mort de Diana. Dans le roman, la Princesse est toujours vivante et encore mariée. Et si le Prince Charles se laisse tenter par une autre femme, il n’est fait aucune mention de Camilla Parker Bowles, aujourd’hui son épouse.

Jack Barker, l’aboyeur en chef des Républicains – le nom n’est pas choisi au hasard – remporte les élections législatives de 1992. Sa première tâche sera de déchoir la reine et sa famille de leurs biens et titres, et de les reloger dans un quartier défavorisé, 'Hell Close', comprenez la route de l’enfer. Et ce sera effectivement l’enfer pour monsieur et madame Windsor ainsi que toute leur famille.

 

La reine dans une file d’attente

 

Pour certains moins que pour d’autres, cependant. Elisabeth - qui a donc perdu son ‘II’ – est courageuse face à l’adversité, alors que son époux, Philippe de Moubtbatten souffre d’une grave dépression et perd la raison au point d'être interné.

 

Finalement, c’est l'ex Prince Charles et l'ex Princesse Anne qui s’en sortent le mieux, se réjouissant de la simplicité de la vie des quidams. Même le chien préféré de la reine, Harris, s’habitue à sa nouvelle situation et délaisse les caresses de sa maîtresse pour traîner avec une bande de chiens errants.

 

Tout cela donne bien sûr lieu à des scènes cocasses et pleines de bon sens. Si la famille Royale n’est plus, quel nom doivent porter les enfants de la Reine ? Windsor ou Mounbatten, le nom de leur père, comme le veut la tradition ? Mounbatten évidemment selon Philippe, trop heureux de pouvoir reprendre sa fonction de chef de famille ! Pour ne fâcher personne, Charles choisi le nom de Teck, attaché à une branche de la famille.

 

Chute du Royaume-Uni

C'est une fresque sociale que livre Townsend. Car les Windsor sont vraiment jetés dans les bas fonds de l'Angleterre par un Premier ministre cruel qui veut ainsi se débarrasser de ceux qu’il appelle les ‘’nuisances’’. Assez cruel pour ne pas laisser un pound à la famille royale qui se retrouve véritablement sans le sous. On suit donc la reine dans les interminables fils d’attente des caisses de sécurités sociales, on la voit compter ses sous pour prendre le bus, etc.

 

Mais si le Premier ministre est cruel, il est aussi peu habile. Un emprunt contracté auprès du Japon causera la véritable chute du Royaume-Uni...

 

La morale de cette histoire : sans Monarchie point d'Angleterre? Peut être, mais dans cette histoire, il n'y a pas que les contribuables britanniques qui sont soulagés du poids d’une famille royale. Les Windsors, eux aussi, se voient ôtés d’un poids. Au fur et à mesure, plus aucun, excepté le Prince Philip, ne regrette le ‘’bocal à poissons'’ dans lequel ils étaient enfermés.

 

C’est un soulagement que beaucoup de Britanniques peuvent comprendre. Eux qui, lorsqu’ils ont appris les fiançailles du prince William et de Kate Middleton, se sont immédiatement demandé pourquoi la jeune fille choisissait de renoncer à son indépendance et à sa vie pour épouser le Prince et ses obligations. Comme si les républicains n’étaient pas les pires ennemis de la Monarchie mais que le ver était dans la pomme…


‘’La reine et moi’’, Sue Townsend, Points, 1992, 7€

 

marie.billon@gmail.com

 

Photo, droits réservés
 

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