COMPARAISON N'EST PAS RAISON : DSK, le come back ?

Chronique du 9 juillet 2011. Alors que les charges contre Dominique Strauss-Kahn s'affaiblissent, la presse française s'emballent et la presse anglaise se passionnent.

 

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DSK est de retour ! A la Une des journaux pour l’instant, pas encore en France.

 

Alors que vendredi 1er juillet, la crédibilité de Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel qui accuse Dominique Strauss-Kahn de l’avoir violée, s’effondrait, les Socialistes tiraient des plans sur la comète. Vite, il faut repousser la date buttoir d’inscription aux primaires du parti. Date fixée au 13 juillet, alors que l’audience qui pourrait éventuellement réhabiliter DSK se tient le 18.

 

Puis la vague s’est calmée assez rapidement.

 

Comme le rappelle le correspondant de la BBC à Paris, Christian Fraser, rien ne dit que DSK veuille encore se présenter après les épreuves qu’il vient de subir. Et selon un sondage du Parisien publié le 4 juillet, seuls 49% des Français voudraient le voir revenir sur la scène politique hexagonale.

 

Son image a été sérieusement écornée, et durablement de surcroît. Même s’il est reconnu non coupable de l’agression du Sofitel, son attitude envers les femmes a été révélée au grand jour et là, la réhabilitation, c'est une autre paire de manches.

 

Comme l'écrit le quotidien Libération, la connivence entre médias et politiques a pris un coup dans l’aile. Le méa culpa des médias – nous savions, nous n’avons rien dit, c’est notre faute, notre très grande faute – ne peut plus être ravalé.

 

L’affaire DSK a certainement altéré la presse française ; même si elle ne compte pas adopter le comportement de la presse britannique : révéler chaque scandale, certain ou potentiel, parce que les Français restent assez indifférents à la vie privée de leurs hommes politiques, contrairement aux Anglo-Saxons. Mais c’est sûr, cela ne redore pas le blason de grand séducteur de DSK. Il est désormais passablement étiqueté obsédé sexuel par une partie de l'opinion publique.

 

Mais quand même, 49% des Français espèrent son retour; c’est beaucoup ! De l’autre côté de la Manche, comme l’avait rappelé dès le mois de mai la plupart des journaux britanniques, jamais DSK n’aurait pu avoir la carrière qu’il a eu. Son rapport aux femmes aurait été un obstacle insurmontable.

 

Et maintenant, que son ‘don juanisme’ plus ou moins agressif est étalé au grand jour, certains le voudraient encore comme président ? Ou dans un autre scenario, Premier ministre de Martine Aubry ? Les Britanniques doivent vraiment prendre les Français pour des masochistes à la morale légère et douteuse.

 

Pourtant, l’affaire DSK a bien fait bouger les choses en France comme le rappelle Anne-Elisabeth Moutet dans le Daily Telegraph. Cette affaire a provoqué un tremblement de terre dans les milieux politiques hexagonaux où ‘’le sexisme et les égarements masculins n’étaient jusque-là pas considérés comme un problème’’.

 

L’affaire du Secrétaire d’Etat Georges Tron, a pu être révélée grâce à l’appel d’air qui a été créé. C’est en tout cas ce que soutiennent celles qui l’accusent d’agression sexuelle.

 

Mais si l’affaire a ouvert la boîte de Pandore au début, elle risque de la refermer vu la tournure des choses, selon plusieurs associations féministes britanniques.

 

Elles craignent que la décrédibilisation de Nafissatou Diallo ne décourage les victimes de viol de porter plainte. Dans The Guardian, Holly Dustin, directrice du End Violence Against Women, estime que toute cette histoire laisse entendre que ‘’si vous n’êtes pas une victime sans reproche, une victime parfaite, le système vous dévorera’’.

 

Néanmoins, Tristane Banon, pourrait à nouveau changer la donne et redonner du courage aux femmes victimes d’agression sexuelle.Cette journaliste dit avoir été agressée sexuellement par DSK en 2002. Sa mère, une militante socialiste, l’aurait dissuadée à l'époque de porter plainte. Puis elle a finalement décidé de le faire mardi 5 juillet.

 

Aucun rapport avec les atermoiements de l’affaire américaine selon ses avocats. La jeune femme en avait juste assez de s’entendre dire ‘’si tu disais la vérité, tu porterais plainte. Tu ne le fais pas parce que tu mens’’.

 

Voilà pourquoi les Britanniques préfèrent barrer la route à toute personne dont on connaît les travers sexuels. Pour que ce genre d’affaires ne fasse pas la Une des journaux à moins d’un an de la présidentielle.

 

En attendant, les journaux britanniques dits sérieux suivent l’affaire avec minutie. Ils n’en font pas toujours les gros titres, mais ils suivent tous les rebondissements alors que finalement, ils ne sont pas vraiment - pas du tout en fait - concernés par l’affaire.

 

La BBC a même twitté l’annonce de la plainte de Tristane Banon, une illustre inconnue de l’autre côté de la Manche.

 

C’est peut-être par curiosité un peu malsaine, puisque, eux, bloquent à la première occasion les hommes politiques aux mœurs douteuses; les Britanniques ont peut-être envie de voir ce qu’il se passe quand on les laisse avancer. Trop loin ?

 

               

 

''Comparaison n’est pas raison'' sur French Radio London, le samedi après 17h30, le mercredi après 20h00 et le vendredi après 13h30 (heures françaises). "Comparaison n'est pas raison", c'est le regard étonné et amusé d'une Parisienne sur l'actualité britannique. Parce qu'essayer de comprendre l'Outre-Manche à travers des codes hexagonaux aboutit souvent à un résultat tiré par les cheveux.

 

marie.billon@gmail.com

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