Des JO vraiment écolos?

En 2005, Londres avait promis que les Jeux olympiques de 2012 seraient « les plus verts jamais organisés ». Durant les six années qu’ont duré les travaux, les organisateurs ont tenté de suivre une charte prospective sensée limiter l’impact des travaux et des nouvelles infrastructures sur la nature et l’environnement. De l’avis de tous, un tel événement ne peut pourtant pas être totalement neutre en terme de pollution. Mais si le comité organisateur, le Locog, se dit satisfait de ses efforts, d’autres organisations environnementales sont moins convaincues.

 

Reportage diffusé sur RFI, le 27 juillet 2012

 

 

 


C’est du haut de la tour du Locog, dans le nouveau quartier d’affaires londonien de Canary Warf, que David Stubbs a orchestré l’effort écologique des JO 2012. Depuis le début des travaux, le directeur des questions environnementales des Jeux dit avoir imposé une charte à chaque partenaire commercial :

 

David Stubbs
Tout ce que nous achetons passe par une sorte de filtre écologique, donc nous savons d’où les produits viennent, nous connaissons leur composition, nous savons qui les a fabriqués et comment ils seront recyclés. Cela fonctionne vraiment pour tout, les marchandises, les fleurs de la cérémonie, la nourriture pour les athlètes et dans le boutiques pour les spectateurs, ainsi que les matériaux utilisés pour construire le stade et le parc.


C’est dans l’est de Londres que le village olympique a été construit, sur des terrains vagues et anciens sites industriels à l’abandon. Pour les Jeux, le secteur a été totalement réhabilité :

 

David Stubbs
C’est un projet qui a pour objectif de changer la physionomie de l’est de Londres. Nous transformons des terres abandonnées et polluées en nouveaux parcs,  nous aménageons de nouveaux courts d’eaux, de nouvelles zones humides. Nous avons planté 300.000 végétaux et 4.000 arbres. C’est une rénovation écologique complète que les jeux nous ont permis d’opérer.


Certains projets initiaux ont dû être réécrits avec moins d’ambition. C’est le cas de l’objectif visant à utiliser 20% d’énergie renouvelable dans le village olympique. Il serait aujourd’hui descendu à 9% à cause du nouveau parc à éoliennes qui n’a pas pu voir le jour. Mais David Stubbs a malgré tout l’impression d’avoir tout fait pour que ces Jeux soient aussi écologiques que possible, c’est maintenant aux spectateurs de faire des efforts.

 

David Stubbs
Nous espérons que les gens joueront le jeu du  tri sélectif que nous avons mis en place pour les jeux. Nous avons un code tricolore pour les différents types de déchets. Sur chaque emballage, bouteille ou verre en plastique il y aura une vignette indiquant la poubelle à utiliser. Tout cela nous aidera à atteindre notre objectif de recyclage.


Simon Birkett, directeur de l’organisation Clean Air in London, salue les efforts des organisateurs. Malheureusement, selon lui, les  bonnes intentions ne peuvent suffire. Londres souffre toujours d’une forte pollution, et les transports utilisés par les nombreux visiteurs pour venir et se déplacer dans la capitale vont immanquablement aggraver les choses. Or, cette situation exceptionnelle n’aurait pas été prise en compte.

 

Simon Birkett

Lord Coe et tous les organisateurs ont fait de leur mieux pour respecter leurs objectifs ambitieux liés à la qualité de l’air durant ces Jeux. Mais pour l’instant, le maire et le gouvernement les ont laissé tombé et n’ont pas rempli leur part du contrat. Pour mettre les choses en perspective : les lieux de compétitions, les véhicules olympiques et tout le reste ne sont responsables que de 5% de la pollution de l’air. Les 95% sont de la responsabilité des autorités politiques londonienne et nationale. On nous avait dit que ce serait les Jeux les plus écologiques, ce n’est pas ce que nous constatons.


Pour Kevin Smith, de l’organisation Greenwash Gold, quels que soient les efforts que le comité a fait, ils ont été anéantis lorsque ce dernier a décidé de se lier à des sponsors comme la compagnie pétrolière BP, British pétroleum, impliquée dans plusieurs catastrophes écologiques.

 

Kevin Smith
Pour tous les grands événements internationaux, il y aura toujours des ressources énergétiques consommées, des émissions dues au transport... C’est inévitable, c’est réaliste et acceptable. Mais vous ne pouvez pas prétendre qu’il s’agit-là d’un événement fondamentalement vert alors que vous couchez avec des entreprises qui ont une mauvaise réputation et qui sont notoirement peu respectueuses de l’environnement.


La véritable empreinte écologique des Jeux olympiques de Londres ne sera connue que bien plus tard. Elle fera la part entre un mélange subtile de bénéfices et de dégâts causés à court et à long terme.

 

CREDIT PHOTO : Marie Billon

 

marie.billon@gmail.com

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