Liban - "Chauffeurs taxi" par défaut (2/2)

Crédit photo : iwancowe - Flickr

 

Signes particuliers : une plaque d'immatriculation rouge, une tendance compulsive à klaxonner et un caractère bien trempé. À force de patrouiller jour et nuit dans les rues de Beyrouth, les taxis libanais se vantent d’avoir levé les derniers secrets de la capitale labyrinthe. Des secrets qu’ils aiment à partager, autant qu’ils rechignent à dévoiler les leurs…

 

Personnages haut en couleurs, nombre d’entre eux ont pourtant une histoire personnelle romanesque, riche de mille anecdotes. Portraits de deux "chauffeurs taxi" récemment rencontrés dans la capitale libanaise, qui ont accepté d’en dire plus sur leurs parcours (2/2).

 

1 000 dollars de pourboire

 

Sur le pont de l'aube jusqu’au milieu de la nuit, Mikaël, 26 ans, est un cumulard. Le matin, il est manutentionnaire dans une imprimerie située à quelques pas de chez lui. Une fois son service terminé, en fin d’après-midi, il prend le volant de son taxi pour chasser le client dans les rues de Beyrouth. "Service*" ou taxi privé sur demande, il rentre rarement chez lui avant minuit. Il ne s’autorise une pause à l’heure du souper qu’en cas de pénurie de passagers. "Quand je peux, je dîne toujours à la maison, car c’est le seulement moment où je peux voir ma femme et mon fils avant qu’ils ne se couchent", soupire-t-il.

 

"Chauffeur taxi" par défaut, "puisqu’il suffit d’avoir une voiture et un permis pour commencer à travailler", les revenus mensuels cumulés de Mikaël sont chiches : 800 euros dans le meilleur des cas. Au cours du mois de septembre, il a déposé un touriste saoudien au Casino du Liban. "Il a gagné 30 000 dollars, et pour me récompenser de lui avoir porté bonheur, il m’a offert 1000 dollars de pourboire", raconte-t-il. Mais ce genre de "miracle" n’arrive pas tous les jours.

 

Le vilain petit canard

 

"Malgré mes deux boulots et celui de ma femme, les fins de mois sont compliqués. Mais je ne me plains pas car ma famille mange à sa faim, c’est pour eux que je me plie en quatre", dit-il en se signant, comme à chaque fois qu’il aperçoit une église.

 

La famille et la religion sont les deux obsessions de Mikaël. Marié depuis l’âge de 20 ans avec "la fille d’un voisin aisé", sa belle-famille ne l’a jamais vraiment accepté. "Je n’appartiens pas à la même classe sociale que ma femme et pour ne rien arranger aux yeux de mon beau-père, je n’ai aucun diplôme car l’école ne m’a jamais intéressé", confesse-t-il. Et de poursuivre : "mes deux sœurs sont dans le marketing, et mes deux frères sont comptables, je suis en quelque sorte le vilain petit canard de ma famille", regrette-t-il.

 

Logée dans un vieil appartement situé dans la banlieue Est de la capitale, la famille de Mikaël est sur le point de déménager. Le couple a en effet acheté un appartement dans la montagne qui surplombe Beyrouth. "Même si elle n’a accorde pas d’importance aux choses matérielles, ma femme va vivre dans un appartement plus grand que celui de ses parents", dit-il fièrement. Soucieux d’offrir une "vie de princesse" à son épouse, pour défier le scepticisme de sa belle-famille, il se "saigne jour et nuit" pour y parvenir.

 

Par Marc Daou

 

* taxi collectif

Cliquez sur ce lien pour lire le premier portrait...

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1 Comments
bravo et courage...

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