Que va faire Hollande à Athènes ?

 Hollande se pose en défenseur du peuple grec
Souvent décrit comme le grand artisan du maintien de la Grèce dans la zone euro lors des négociations de juillet dernier, François Hollande sera probablement accueilli à bras ouvert lors de sa visite à Athènes ce jeudi. Signe de reconnaissance, il a été invité à s'exprimer devant la Vouli, le parlement grec. On se doute qu'il félicitera Alexis Tsipras de l'accord trouvé entre Bruxelles et ses créanciers, invitera les Grecs à poursuivre les efforts et tentera de se poser en défenseur du peuple grec face à une Allemagne dominatrice et inflexible.

Renforcer la coopération avec Athènes
Mais au delà des beaux discours, François Hollande poursuit plusieurs objectifs lors de sa visite. D'abord, rassurer son électorat le plus à gauche qu'il défend bien leurs idéaux, et ce malgré une politique économique de plus en plus libérale, incarnée par son ministre de l’Économie Emmanuel Macron. Invité par les dirigeants grecs, l'occasion est également unique de transformer l'essai et d'affirmer un peu plus son rôle de trait d'union entre les deux Europe, celle du Sud et celle du Nord. Pour donner corps à ce projet, il ne vient pas les mains vides. Il apporte son aide, celle de Bercy pour collecter les impôts et celle de ses entreprises pour relancer les investissements. Il emporte ainsi dans ses valises les patrons d'entreprises comme Suez, Alstom ou Vinci, des entreprises qui lorgnent en réalité sur les actifs qu'Athènes doit mettre en vente: aéroports, compagnie de chemin de fer et services publics en tout genre.

Tsipras cherche une oreille attentive sur la dette
Enfin, François Hollande vient surtout pour écouter les propositions d'Alexis Tsipras pour restructurer la dette grecque. Un sujet qui obsède le premier ministre depuis sa première campagne électorale. Un sujet qui permettrait surtout à Alexis Tsipras de faire avaler les réformes extrêmement dures qu'il est en train de faire adopter à marche forcée à sa majorité et à sa population. Un sujet qu'il a enfin arraché à ses créanciers en juillet dernier. Ils avaient promis une grande conférence sur la dette à l'automne, si et seulement si Athènes respectait ses engagements. Aujourd'hui, force est de constater qu'Alexis Tsipras a tenu parole. Il vient de faire adopter un important train de réformes à l'occasion du budget 2016. D'autres devraient suivre mais il estime probablement qu'il est grand temps que les européens respectent également les leurs.

François Hollande est-il l'homme de la situation ?
Charge ensuite à François Hollande de prêcher la bonne parole auprès de ses collègues européens. Sera-t-il à la hauteur ? Rien n'est moins sûr car la France et son président manquent cruellement de crédibilité à Bruxelles. En apparence, François Hollande est associé aux grandes décisions européennes, mais en réalité c'est Angela Merkel qui mène la danse. Or le sujet est extrêmement sensible en Allemagne. La population refuse toute réduction frontale de la dette grecque. Les dirigeants ont bien dû accepter du bout des lèvres un allongement des conditions d’emprunt, mais on les imagine mal aller plus loin. Berlin est en plus loin d'être isolé sur le sujet. La quasi-totalité des pays membres refuse d'accorder un traitement de faveur à la Grèce, de peur que d'autres pays n'en demandent autant, en particulier l'Espagne ou Podemos frappe à la porte du pouvoir. Bref il faudra beaucoup d'habileté politique pour lancer une grande conférence sur la dette et encore davantage pour en tirer plus qu'un simple geste symbolique. Il faudra surtout proposer des mécanismes audacieux, créatifs et réalistes. L'Ukraine pourrait d'ailleurs servir d'exemple. Une chose est sûre, la route sera longue et fastidieuse.

Pour aller plus loin:
  • A quoi ont servi les milliards d'euros d'aide ? Principalement à rembourser les créanciers: http://bit.ly/1hXxhIY
  • La restructuration ukrainienne analysée par Larry Summers: http://wapo.st/1Gkn19A
  • Les remboursements à venir: combien et à qui ? http://bit.ly/1z7wPci
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