"Hello ma'm, we are in Rishikesh" nous lance le chauffeur de rickshaw après une heure de route tumultueuse. Les chemins cabossés ont eu raison de nos dos mais le trajet fut très agréable car en Inde, à chaque jour sa rencontre. Pas un instant sans qu'un indien vienne vous parler, curieux de savoir d'où vous venez et désireux de vous éclairer un peu plus sur son immense pays regorgeant de surprises. Ainsi la famille qui partage avec nous le rickshaw nous explique qu'ils se rendent pour la première fois à Rishikesh, étape du fameux pèlerinage jusqu'aux sources du Gange.

Nous reprenons possession de nos sacs à dos bien trop lourds et arrivons au pont Laxman Julla, un des deux ponts qui relient les deux flancs de vallée de la partie "haute" de la ville. A la vue du paysage, nos yeux s'illuminent et l'on comprend très vite pourquoi tous ces sadhus (saints renonçants) ont choisi ce lieu pour s'adonner à la recherche spirituelle. Située aux pieds des montagnes himalayennes et traversée de tout son long par le Gange, la Cité des Rishis, "voyants" en sanskrit, est un cadre idéal pour qui veut reposer son âme.

Rishikesh compte parmi les villes saintes du pays et doit sa renommée à l'engouement des hippies et notamment des Beatles dans les années soixante-dix pour les techniques ancestrales des yogis hindous. Aujourd'hui capitale mondiale du yoga, la haute saison voit s'affairer nombre d'occidentaux venus pratiquer la méditation et chercher le guru qui dictera le sens de leur vie.

Loin de la religiosité d'Haridwar, Rishikesh illustre l'aspect philosophique et profondément spirituel de l'hindouisme. Les temples ne désemplissent pas et les pūja sur les ghats sont bien au rendez-vous, mais ce sont les sadhus et les baba (guru) qui attirent l'attention et donnent cette ambiance paisible.

OM SHANTI...

C'est encore un autre aspect de la religion qui s'offre à nous et nous montre que l'hindouisme est diversité. Outre le cœur de la religion, principalement codé par les rites quotidiens, la triade divine et l'ordre social, six Darshanas viennent compléter l'ensemble. Ces systèmes philosophiques, fruits de générations de penseurs et de commentateurs à partir des textes fondamentaux, apparaissent entre le IVe et le VIe siècle et floutent toujours plus la barrière entre philosophie et religion.

Ce qu'il faut comprendre c'est que la philosophie indienne est une activité, tout comme la pratique religieuse basique, qui ouvre l'accès au salut. Ainsi, les différents Darshanas sont autant de voies pour se libérer de la mâyâ (illusion) et du samsâra (cycle des renaissances). Si le but à atteindre est le même, à savoir l'intégration de l'atmân (l'âme individuelle) dans le Brahmane (Absolu) permettant la moksha, le chemin diffère et explore des thèmes variés comme la parole, la dialectique ou encore la métaphysique.  Pour se faire une idée plus concrète, la Nyâya (à l'origine de la médecine ayurvédique) et le Râja-yoga (yoga royal) en font partie.

Afin de mieux pénétrer cette dimension spirituelle et avoir un aperçu des différentes philosophies hindoues, rien de mieux que de s'exercer au yoga et à la méditation et surtout, de partir à la rencontre des sadhus et des guru de la ville.

Le billet à venir sera ainsi consacré à notre échange avec Vijukandan Nai, un jeune sadhu de Rishikesh. Affaire à suivre...

Sukhil, un hindou pas comme les autres

A Rishikesh, il est possible de se faire laver les oreilles tout en contemplant le Gange

Lou