Vimal, la mariée, est sikh. Yogesh, lui, est hindou. Le mariage mixte entre ces deux confessions est assez commun en Inde. C'est le mariage entre hindous et musulmans qui pourrait poser problème. J'ai donc assisté à deux cérémonies religieuses et le mélange a conduit à simplifier amplement le déroulement des festivités.
Pas de dot pour ce mariage mais c'est à la famille de la mariée d'organiser et de financer la principale cérémonie. J'ai ainsi été accueillie dans la demeure de Vimal, une très belle et très grande maison située à Hoshiarpur, une petite ville du nord du Punjab.

Du côté des femmes 





La maison des filles vit au rythme des chants et des rires. Les meilleures amies de la mariée racontent des anecdotes gardées secrètes jusque-là et se réjouissent de ce moment tant attendu : Vimal et Yogesh, 28 ans tous les deux, se sont rencontrés à la fac, il y a 7 ans.
Pendant nos bavardages, nous nous dessinons du mehndi (henné) sur les mains et les pieds. Selon la tradition, il est essentiel pour la mariée de le garder le plus foncé possible afin de s'attirer les bonnes grâces de la belle-mère, un élément non négligeable.

La festivités 

A 20 heures, nous arrivons dans la salle. Les invités (plus de 1000 !), profitent déjà des délices disponibles sur les buffets. Vimal, elle, est en pleine séance photo.



Elle agite les grelots au-dessus de la tête de ses amies, présage d'une union future.





Si la tradition veut que le sari de la mariée soit rouge, Vimal porte le sari rose dont elle a toujours rêvé. Les bracelets, eux, sont le symbole des jeunes mariées. Elle les gardera au poignet pendant un mois.
Sur sa main gauche est inscrit le prénom de son futur mari, Yogesh. Ce dernier devra le trouver pendant la cérémonie. Sans ça, la nuit de noce n'aura pas lieu !

L'arrivée du marié

Sous le bruit des percussions, le marié arrive, acclamé par la foule. Avant de pénétrer dans la salle, les hommes de chaque famille s’échangent des colliers de fleurs, de l’argent, se font manger un ladoo (gateau à la noix de coco utilisé comme offrande) et s'offrent... une couette, ou tout autre objet qui symbolise des vœux de prospérité pour toute la famille.





L'arrivée de la mariée

Très attendue, c'est au tour de la mariée de faire son entrée sous le voile rouge. Les deux prochaines heures seront consacrées à une séance photo avec tous les invités. Pendant ce temps-là, parents et enfants s'en donnent à cœur joie sur la piste de danse.





Les cérémonies religieuses 

Les festivités se terminent vers 1 heure du matin. Nous devons maintenant célébrer le mariage religieux. Croyance astrologique oblige, les cérémonies n'auront lieu qu'à 3 heures !





Le mariage hindou est célébré en premier. La cérémonie est une succession de rituels très précis et parfois incompréhensibles pour le marié lui-même. Autour du saptapathy, le feu sacré, Vimal et Yohesh jettent tour à tour toutes sortes d'éléments comme de l'huile, du riz, des herbes ou de l'argent, et répètent les prières énoncées par le prêtre.



Les mariés effectuent ensuite les sept tours autour du feu sacré, symbole de la vie dans l'hindouisme.



L'application du sindoor (pigment orange) sur le front de la mariée conclut l'union du jeune couple.



5 heures et demie du matin, direction le temple sikh où la famille de Vimal à l'habitude de prier. La cérémonie sikh, beaucoup plus sobre, se résume à la lecture du livre sacré, le Guru Grant Sahib mais n'en n'est pas moins longue. Vimal a fait preuve de courage pour tenir de si longues heures tout en portant son poids en bijoux..



A 7 heures du matin, nous sortons du temple. Vimal et Yogesh sont officiellement mari et femme.

Le récit ne relate que la cérémonie principale à laquelle j'ai assisté. Un mariage en Inde peut durer près d'une semaine selon les familles et les régions.

Se marier en Inde 

Ainsi je repars, les yeux fatigués et le coeur chaud. La journée passée avec les femmes des familles de Vimal et de ses amies était l'image féminine qu'il me manquait. Sans créer de liens avec des familles, il est très difficile de parler à des femmes lorsque l'on voyage en Inde. J'étais donc heureuse de partager leur intimité et qui plus est, d'observer de plus près les différences culturelles qui existent entre nous.
Bien que Vimal vienne d'un milieu aisé, ait fait des études, travaille et semble être indépendante, le mariage est pour elle une étape cruciale dans sa vie de femme. Elle a besoin de se construire par rapport à cette union, qui est d'ailleurs une union d'amour et non le fruit d'un arrangement. Ceci me fait comprendre que les indiens, pour la plupart, envisagent leur vie, leur futur, en tant que membre d'une famille et d'une communauté dont les liens sont encore très forts. Et ce, bien que le pays connaisse un fort développement économique et social. La pression familiale et celle de la communauté prédominent sur les désirs purement individuels. Je m'en rends compte également lorsque je parle aux étudiants de la fac dans laquelle j'étudie. Avec le travail, le mariage est l'élément essentiel de leur vie.
Le mariage n'est ni obsolète ni inutile à la construction d'une femme aujourd'hui en France. Toutefois, la perte des traditions familiales et l'indépendance extrême dont jouissent les jeunes générations de françaises, les amènent, je pense, à davantage considérer leur propre bonheur, leur propre parcours et leurs véritables envies. Ce serait après la satisfaction de tous ces éléments qu'elles envisageraient l'union et la construction d'un avenir à deux et non plus toute seule.
C'est en tout cas ce que j'ai constaté en confrontant mon expérience indienne à ce que j'observe autour de moi.


Lou