Législatives en Tunisie : "il faut sortir de la bipolarisation politique Nidaa Tounes/Ennahda"

Saloua Chebbi se présente aux élections législatives en Tunisie qui auront lieu le dimanche 26 octobre. Elle est tête de liste à Tunis 2 pour le parti démocrate Al Joumhouri, présidé par Ahmed Néjib Chebbi. A la veille du scrutin, elle confie sa vision de la situation politique. Ses objectifs ? Se concentrer sur l’économie pour installer une démocratie durable et redonner confiance aux tunisiens. Pour cela, elle souligne la nécessité de dépasser la bipolarisation politique Nidaa Tounes/Ennahda. Interview.

Que pensez-vous de la situation politique en Tunisie, à la veille de ces nouvelles élections ?

Je suis optimiste. Depuis 2011, nous avons trouvé un certain équilibre. Tout est à construire maintenant. La société civile a fait un travail extraordinaire sur la Constitution ainsi que sur les droits des femmes. Nous voulons garder ces précieux acquis et aller plus loin. Mais il faut que le paysage politique se renouvelle.

C’est-à-dire ?

Le débat est bipolarisé. Notre parti, anciennement nommé le Parti Démocrate Progressiste, est depuis trente ans dans l’opposition. Pourtant, les projecteurs sont uniquement dirigés vers Nidaa Tounes et Ennahda. Pour ou contre le parti de Ghannouchi ? La question n’est pas là ! Ennahda est une composante importante de la Tunisie, nous ne pouvons pas la nier.

Nidaa Tounes, qui n’existe que depuis avril 2012, a construit sa réputation sur la peur du radicalisme religieux. Ils ont d’ailleurs comme slogan « le vote utile ». C’est une stratégie dangereuse et mensongère, qui va à l’encontre de la démocratie. Je ne vois pas comment un parti composé d’anciens proches de Ben Ali sera apte à redonner confiance aux tunisiens. Comment ne pas croire qu’ils vont mettre en place la même gestion du pouvoir ?
Nous, nous voulons travailler sur les problèmes de fond tels que l'économie, la justice et la santé et pas simplement se positionner contre le parti islamiste. Nous devons prouver notre valeur ajoutée.

Quels sont, selon vous, les chantiers prioritaires en Tunisie ?

Ne déposons pas le tapis avant d’avoir construit la mosquée comme on dit ici ! C’est pour cela que nous avons un programme d’urgence et un programme à moyen et long terme.
En priorité, nous devons nous attaquer à la sécurité intérieure du pays puis au secteur de l’enseignement. Au niveau international, nous sommes parmi les derniers dans ce domaine ! Le système de santé est très affecté également. Aussi, investir dans des infrastructures viables et capables de drainer des investissements est urgent.

Pour ce qui est du long terme, les priorités concernent le système bancaire et la justice fiscale. Trop de tunisiens fuient les impôts et l’argent n’est pas redistribué aux bonnes personnes.

Et les jeunes dans tout ça, ne sont-ils pas les grands perdants de cette révolution ?

Nous sortons de 23 ans de dictature ! Les jeunes tunisiens n’ont pas pu se construire de culture politique. Comment voulez-vous qu’ils y croient ?
Depuis le début de la campagne et même avant, nous allons à leur rencontre. Surtout dans les quartiers populaires de Tunis. Nous savons que c’est dur pour eux de trouver leur place au sein d’un débat politique capturé par quelques uns. Nous leur disons tous les jours : « C’est votre responsabilité. Nous avons eu la chance, comparé à d'autres pays arabes, de sortir du silence, de parler et maintenant de pouvoir choisir l’avenir que nous voulons. Alors votons !»
 
Lou Bes
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