La nouvelle carte politique du Niger

 

 

 

 

 

 

 

 

Lumana, le parti de l’ancien Premier ministre Hama Amadou, crée la surprise en talonnant l’ancien parti Etat, le Mouvement National pour la Société de Développement.
L’analyse des résultats quasi définitifs des élections locales du 11 janvier recèle toutefois d’autres informations.
Le parti socialiste de Mahamadou Issoufou, le PNDS, dans l’opposition depuis dix ans, se hisse à la première place du pays avec un score de 28% des conseillers locaux élus, en légère hausse par rapport à son poids de 2004. Son poids en voix est de 27,8%.
L’affaissement du MNSD, jadis premier parti incontesté du pays, se confirme, mais moins peut-être qu’espéré par ses adversaires, avec un score qui reste honorable, de 22% (20% en voix), tandis que le jeune Lumana, « né il y a deux ans avec toutes ses dents », comme dit son leader, devient la troisième force politique du Niger, avec 19% des sièges (18,7 % des voix).
En recul, la Convention Démocratique et Sociale de Mahamane Ousmane descend à la 4e place, avec 12% des sièges (11,3% des voix), en se maintenant toutefois à Zinder (25%) et Maradi (15%).
Sur ces quatre résultats, qui expriment bien l’essentiel du rapport de force politique actuel, il convient de noter plusieurs changements et plusieurs persistances. Le MNSD reste le parti le mieux réparti sur le territoire. Mais on observe une polarisation régionale qui peut être préoccupante à travers le score de Lumana, très élevé à l’Ouest, à Niamey et Tillabéri, rattrapant même pratiquement l’ANDP à Dosso, mais rarement au-dessus de 10% partout ailleurs. Si le PNDS n’est pas absent à l’Ouest, il plafonne à 20% des voix dans cette région, mais dépasse les 50% dans son fief de Tahoua, tandis que le MNSD se maintient fortement à l’Est, en particulier à Maradi où il atteint près de 30% des voix, sans s’effondrer à Tillabéri.
A ces quatre forces, dont les alliances risquent d’être renégociées dans la perspective du 2e tour des présidentielles (et même des législatives où certaines listes seront absentes), il convient d’ajouter trois plus petits partis. L’ANDP, dont le score est enregistré essentiellement dans son fief de Dosso, pèse encore 5% des élus locaux (4,4% des voix), à quasi égalité avec le RSD de Cheiffou Amadou (5% des voix), à Maradi. Le RDP du président Baré disparaît petit à petit du paysage avec 3% seulement d’élus (2,9% des voix), à Dosso et Zinder. Deux petits partis réussissent à gagner 2 % des sièges : l’UDR Tabbat d’Amadou Boubacar Cissé, à Tillabéri et Dosso (2,7% des voix), et l’ARD Adaltchi, à Zinder, une dissidence de la CDS (2,6% des voix). Les (17 !) autres partis se partagent 4% des voix. Aucun d’eux n’atteint 1%.
Dans les grandes lignes, cette carte recouvre celle de 2004. Le PNDS progresse légèrement (de 2 à 3 points), la CDS recule de plus de 4 points (dont 2 à rapprocher du score de l’ARD Adaltchi voir ci-dessus), quant au MNSD, au faîte de son pouvoir en 2004, il atteignait 40% des voix, ce qui, à un point près, correspond aux scores additionnés du MNSD et de son siamois rival Lumana, en 2011.
Deux questions essentielles demeurent : celle de la marge de progression de ces divers partis aux législatives et aux présidentielles, dans des scrutins plus nationaux, et celle, encore plus centrale, des alliances que concluront les uns et les autres d’ici-là. En effet, s’il est acquis désormais que Mahamadou Issoufou sera au deuxième tour, son concurrent sera nécessairement l’une des figures de l’ancien parti Etat : Hama Amadou ou Seyni Omar. Quels mots d’ordre de vote lanceront le MNSD à Tillabéri, la CDS à Zinder et le RSD à Maradi, dans les jours qui viennent ? Ces alliances conclues dans l’urgence préfigureront celles du deuxième tour. Un éventuel rapprochement entre les deux ex-rivaux du parti Etat hypothèquerait la victoire de Mahamadou Issoufou.
 

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1 Comments
Ou va le Niger mon beau pays? Si non comment explique le fait que deux candidats qui aspirent à la magistrature supreme de notre pays battent campagne ensemble au meme lieu et à la meme heure ?qui doit voter qui? DE QUI SE MOQUENT ILS? Ce le Niger un pays d'evenement.

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