Salou Djibo tient bon : pas de report des élections

 

 

 

 

 

Le bras de fer entre Salou Djibo et les politiques s’est sensiblement durci depuis deux jours. A dix jours des élections législatives et présidentielles, l’incertitude et la pagaille s’est emparée de la classe politique nigérienne, qui a demandé le report des deux scrutins. Et la tension est montée d’un cran, le samedi 23 janvier, avec le refus du général Salou Djibo, qui a juré de ne pas toucher au calendrier électoral, de céder à la pression.
Tout a commencé le 13 janvier, avec l’invalidation par le Conseil Constitutionnel de 66 des 171 listes présentées aux législatives, notamment celles de la Convention Démocratique et Sociale à Zinder, du Rassemblement Social Démocrate à Maradi et du Mouvement National pour la Société du Développement à Tillabéri. Consternation dans la classe politique, où des leaders nationaux se trouvent ainsi privés de se présenter dans leur fief.
« Les politiques exagèrent. Ils n’avaient qu’à se préparer », estiment certains, donnant raison sans réserve à la présidente de fer du Conseil Constitutionnel, Mme Salifou Fatima Bazeye, qui s’est attirée le respect de tous, il y a un an et demi, en résistant aux coups de boutoir du Président Mamadou Tandja. Divers motifs expliquent ces invalidations, parmi lesquels l’interprétation faite par la magistrate du nouveau code électoral, qui plafonne à 25% le nombre des députés non titulaires du brevet. Mme Bazeye a invalidé toutes les listes qui ne présentaient pas des binômes homogènes – titulaires et suppléants devant être tous deux soit titulaires du brevet soit non titulaires – même quand le total de 25% était obtenu dans chacune des deux catégories (titulaires et suppléants).
Quoi qu’il en soit, la classe politique a immédiatement estimé que sans la participation de ces grandes forces politiques dans les régions concernées, les élections législatives à venir ne sauraient être représentatives du pays, et donc légitimes.
Mais comment faire désormais ? Le général Salou Djibo refuse d’avoir « sa main dedans ». Il ne veut pas – et on le comprend – être accusé de violer, comme le Président Mamadou Tandja qu’il a renversé par un coup d’Etat le 18 février dernier, les arrêts de la Cour Constitutionnelle, qui avait refusé de cautionner le coup d’Etat juridique du Président. Ce dernier d’ailleurs, incarcéré à Kollo depuis le 16 janvier, s’est notamment vu reprocher d’avoir violé une décision de justice. Soucieux, paradoxalement peut-être, pour un militaire, de respecter la règle de droit, le général ne violera pas la loi. Il ne touchera pas davantage au calendrier de la restauration de la démocratie, ne souhaitant pas rester un jour de plus au pouvoir. Les politiques eux-mêmes ne veulent pas donner l’impression de critiquer Mme Bazeye. Mais ils espéraient une solution « politique. »
La réunion du Conseil National de Dialogue Politique, il y a une semaine à la Primature, a été l’occasion d’un grand déballage, difficilement contenu par le ministre de l’Intérieur qui conduisait les débats. Les politiques sont venus exposer leurs misères, leurs échecs, leurs soupçons de fraude au lendemain des élections locales, réclamant la tête du président de la Commission Electorale Nationale Indépendante en guise de pompon. Un report, une solution politique, un rattrapage, ont-ils quémandé. Le ministre a vainement tenté de les rappeler à leurs responsabilités, s’agissant de leur code électoral –débattu et voté par leurs soins – leur CENI, où siègent leurs représentants, et leurs délégués dans les bureaux de vote.
Aujourd’hui, de 16H30 à 21H00, la Villa Verte a accueilli une réunion difficile, où le général Salou Djibo, arrivé en treillis, a immédiatement expliqué qu’il n’était prêt à négocier aucun report d’aucune sorte. Mme Bazeye, qui venait de s’entretenir avec lui, a quitté la réunion dès son début, manifestant ainsi sa position. Les politiques n’ont qu’à expliquer à leurs militants qu’il n’y a pas d’autre solution au problème, a dit le général, ajoutant qu’il ne tolèrerait aucun désordre. Le président de la CENI, qui était menacé, a finalement sauvé sa place. A la sortie de la réunion, Mahamadou Issoufou, du PNDS, a plutôt semblé soulagé de la fermeté du général tandis que Hama Amadou, reflétant la position de presque tous ses camarades, estimait qu’il ne s’agissait pas d’une décision consensuelle mais d’autorité.
La campagne repartira donc très vite, pour accoucher, le 31 janvier, d’une assemblée singulière, et des deux finalistes pour le second tour des présidentielles.
 

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