Ambiance de "guerre chimique" place Tahrir


Ambiance de "guerre chimique" place Tahrir, 23 novembre. Crédit : Mehdi Chebil (Nikon D700).

Cette photo a été prise pendant les affrontements meurtriers autour de la place Tahrir le 23 novembre (voir diaporama) – cinq jours avant les premières élections depuis la chute de Moubarak. Les manifestants étaient furieux contre la police après la dispersion brutale d’un rassemblement de plusieurs centaines de personnes venues rendre hommage aux victimes de la Révolution de février dernier.

Ce jour-là, la rue Mohamed Mahmoud, qui relie la place Tahrir au ministère de l'Intérieur, s’était progressivement transformée en un véritable champ de bataille jonché de pierres, de cartouches et de grenades lacrymogènes usées. La police répliquait avec des gaz aux effets particulièrement nocifs, provoquant par la suite une polémique sur la nature exacte des produits chimiques utilisés.

Plusieurs médecins sur place m’ont confié que les symptômes (violentes convulsions, nez qui coule abondamment) ne correspondaient pas à ceux provoqués par les gaz lacrymogènes conventionnels. Les combattants de la rue Mohamed Mahmoud avaient réellement l’impression que leur propre gouvernement menait une "guerre chimique" contre eux. Plusieurs stands place Tahrir vendaient d’ailleurs des masques de protection respiratoire ou des lunettes de chantier.

En tant que reporter, il était indispensable de porter des vêtements couvrant tout le corps, mais aussi un masque à gaz et un casque pour se protéger des jets de pierre. Une fois prêt, je me suis rapproché le plus possible de la "ligne de front" en m’adossant aux barricades improvisées (en l'occurrence un réfrigérateur carbonisé) pour prendre en photo les manifestants équipés de masques à gaz rudimentaires qui jetaient des pierres en direction de la police. Il était impossible d’échapper aux gaz : mes vêtements en étaient imbibés et je pouvais en sentir les effluves irritantes dès que j’enlevais mon masque à gaz.

Malgré le gazage permanent, j’ai trouvé les combats de la rue Mohamed Mahmoud moins difficiles à couvrir que les affrontements de février dernier place Tahrir. Il y a avait une réelle ligne de front entre policiers en uniforme et manifestants (même si celle-ci changeait fréquemment) et le conflit était nettement plus lisible que la guerre des pierres contre les "baltaguiyas" de Moubarak.

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