Mobilegeddon, à quoi bon ?

Il suffit de jeter un coup d'œil, mardi 21 avril, sur Techmeme, l'agrégateur star américain des informations de la planète tech pour en être convaincu : la révolution mobile est en marche et elle passe par le moteur de recherche de Google.

La BBC, le "Financial Times" ou encore le "Washington Post" et toute la galaxie de la presse spécialisée a ce mot à la bouche : mobilegeddon. Un barbarisme qui désigne, comme son nom l'indique plus ou moins mal, l'armageddon (l'ultime bataille entre les forces du bien et du mal) qui secoue l'univers du mobile.

Le nouveau mal aux yeux de Google

Concrètement, il s'agit tout simplement de la nouvelle mouture de l'algorithme de recherche de Google spécialement conçu pour les téléphones portables. C'est tout ? Mais c'est déjà beaucoup à lire tous les articles consacrés à ce changement introduit mardi. Il vise à favoriser, lors d'une recherche sur Google, les sites qui sont "mobile friendly" (adaptés à la lecture sur smartphone) et à pénaliser ceux qui ne le sont pas. 

Grands ou petits, n'importe qui peut, théoriquement, se retrouver propulsé en page 1 des résultats ou être relegué dans les limbes de la pages 3 ou pire, à cause de ce changement. Un petit outil conçu par Google permet de savoir si un site est bien conçu pour les mobiles ou si son heure a sonné. Le peloton d'exécution "googlesque" attend ceux qui, notamment, n'ont pas utilisé une taille de caractère suffisament grande pour être facilement lisible sur un petit écran, ou les sites dont les liens dans les pages sont difficilement cliquables.

Ils sont le nouveau mal aux yeux de Google. Et parfois ce n'est pas le premier site perso venu. "44 % des sites des groupes de l'index Fortune 500 [de la bourse de New York, NDLR] ne sont pas 'mobile friendly'", assure le site TechCrunch. En France, des sites comme ceux de Total, EDF ou Axa ont "des liens trop rapprochés" et "un texte illisible" et échouent donc au test du géant américain du Net.

Une pénalité de référencement peut avoir un impact économique non négligeable. Lors du dernier grand chamboulement de l'algorithme de Google, en 2012, le groupe média Demand Media avait annoncé qu'une partie importante des 6 millions de dollars de pertes annuelles était due à la baisse de popularité de ses sites sur le roi des moteurs de recherche.

Mobilegeddon, une vraie révolution ?

Le mobilegeddon va-t-il être l'apocalypse pour des dizaines de commerces que les clients ne retrouveront plus sur Google car ils ont oublié de mettre leur site à l'heure mobile ? Il faut savoir raison garder... et pas qu'un peu.

D'abord, l'algorithme nouveau ne s'appliquera pas au recherches effectuées depuis un ordinateur fixe. Le site spécialisé dans l'actualité des moteurs de recherche searchengineland.com note qu'il n'aura aucune incidence non plus sur les résultats obtenus depuis un ordinateur portable... ou une tablette. En fait, le mobilegeddon concerne uniquement la version pour téléphone de Google. Certes, les iPhone et consorts sont de plus en plus importants dans le vie numérique d'un site internet, mais tout de même.

Ensuite, les responsables des grandes marques ou enseignes importantes peuvent dormir tranquille. Google a opté pour que les sites des ces mastodontes continuent à apparaître tout en haut des résultats même si leur site n'est pas "mobile friendly". Du moins lorsque quelqu'un cherche spécifiquement leur nom. Cette décision peut se comprendre : un internaute risquerait d'être fort dépourvu si une requête dans Google pour eBay, Amazon ou encore Microsoft renvoit, en premier, des résultats qui n'ont rien à voir. Reste que le géant américain inaugure, en catimini, une sorte d'inégalité devant la requête internet et devant les obligations à remplir pour être bien référencé.

Enfin, une page internet qui ne serait pas "mobile friendly" mais correspond, pour le reste, à 99,99% à ce qu'un internaute recherche sur son smartphone continuera à arriver tout en haut des résultats.  En clair, même si Google veut inciter les responsables des sites internet à prendre davantage en compte le mobile, la pertinence du contenu reste le facteur le plus important. C'est logique, mais rend la révolution du mobilegeddon beaucoup moins... révolutionnaire.
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