"Les Argentins n'aiment pas les étrangers"

 

"L'Argentine ¿ Non. Non, je n'aime vraiment pas ce pays. Je viens d'arriver et je me rends déjà compte qu'il n'y a rien pour moi ici." Suzanna, 38 ans, est entré illégalement en Argentine il y a 3 mois. Dans la banlieue de Lima, au Pérou, elle a laissé sa famille, une fille de 17 ans et une vieille mère diabétique. Son mari a disparu à la naissance de sa fille. A Lima, elle tenait un petit commerce où l'on trouvait de tout. Mais son affaire a périclité jusqu'à ce qu'elle soit obligée de mettre la clé sous la porte.
 
Aujourd'hui clandestine à Buenos Aires, elle travaille au noir dans un magasin de vêtements de Lavalle, la grande rue piétonne du centre.
 
Suzanna tord ses mains aux ongles rongés jusqu'au sang. Assise sur le pas de porte du magasin, elle attend son patron pour faire l'ouverture. "Pour lui, je ne suis rien d'autre qu'une petite Péruvienne à exploiter. Facile : pas de papiers donc pas de contrat donc pas de taxes à payer pour lui."
 
Après les États-Unis et l'Espagne, l'Argentine est la troisième destination des immigrés péruviens. Selon le ministère des Affaires étrangères du Pérou, 30 000 Péruviens émigrent chaque année. Ils seraient près d'1,8 million au total à vivre à l'étranger. Parfois dans des conditions difficiles, comme Suzanna qui vit dans un bidonville de la capitale argentine. Mais, selon les statistiques du Bureau international du travail, la plupart des Péruviens qui quittent leur pays proviennent de la classe moyenne et sont plutôt qualifiés.
 
Suzanna, elle, a arrêté ses études après le bac. Attirée par le niveau de vie plus élevé de l'Argentine, elle est venue chercher ici un avenir meilleur pour sa fille restée à Lima. "J'aimerais pouvoir gagner assez d'argent pour payer l'université à ma fille, explique-t-elle dans un sourire. Mais au magasin, je ne gagne pas grand-chose. Et en Argentine, tout coûte cher. Pour le prix d'un cornet de frites ici, je pourrais acheter un sac de pommes de terre au Pérou ¡"
 
Le patron se fait attendre. Il est pourtant plus de 10 heures et le magasin devrait déjà être ouvert. Suzanna se ronge un peu plus les ongles. "Les Argentins n'aiment pas les étrangers. Pour eux, tous les Péruviens sont au mieux ceux qui leur volent leur travail, au pire des pickpockets."
 
Si l'Argentine moderne n'a jamais vraiment été une terre d'accueil, il est clair que la crise ne l'aide pas à ouvrir ses frontières à ses voisins plus démunis...


 

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